Chaque matin, la même rangaine, les yeux cernés,
L'odeur du café de la veille, dans son bol fêlé,
La fumée bleue de sa gitane, enracinée dans les murs jaunis,
Un mauvais râle, il entonne sa litanie....
Pour se donner du courage, emmitouflé dans son anorak,
Les mains crevassées, s'enfoncent dans son blanc moucheté,
Combattre le froid, le vent de l'hiver attaque,
Un quart de tour au contact, rendez-vous à ne pas rater...
Parce que malgré tout, il aimait son métier,
Fils de famille nombreuse, il devint ouvrier,
Les études au placard, il se tua à la tâche,
L'honneur de partir, tête haute, sans faire de crash...
Cet homme aux cheveux colorés de peinture,
Cet homme aux yeux rougis par le vin,
Cet homme au vocabulaire de fortune,
Cet homme à l'esprit si chauvin,
Un prolétaire, comme on dit pour plaire,
Fière de penser qu'il était mon père....
Céline.
Photo Céline.